Lauréat de l’appel France 2030 avec un projet multidimensionnel qui propose un nouveau lieu d’échanges culturels, une pédagogie affinée et plus inclusive et des rencontres interprofessionnelles autour de l’IA, Creative Seeds a inauguré ses nouveaux locaux (à retourve en ligne ici : https://www.youtube.com/watch?v=uqhOMZNjRt0&t=22s) et organisé la 1ère édition de ‘’Creative Machines’’ en avril dernier. Un double succès sur lequel revient Camille Campion, l’un des co-fondateur de l’école.
1 ) L’inauguration de vos nouveaux locaux a eu lieu du 5 au 15 avril dernier. Quelle est la “philosophie” de ce nouvel espace ?
Ces nouveaux locaux font partie intégrante du projet France 2030. L’idée, outre la possibilité d’accueillir plus d’étudiants, était de créer un espace où peuvent se rencontrer les jeunes talents, les professionnels et le grand public avec un objectif de mutualisation et de coopération. Une sorte de « ruche culturelle » !
Car si l’activité d’une école nécessite du foncier, les salles et les équipements sont inutilisés hors temps scolaire. Nous voulions un endroit où l’on pourrait mélanger plusieurs acteurs pour mutualiser nos équipements : lieux de réceptions et d’exposition, salle de cinéma, plateaux de tournage, bureaux de différentes tailles, salles de réunion, terrasses !…
Nous avons été accompagnés, dans ce projet, par la ville de Cesson-Sévigné, Territoire et Rennes Métropoles qui ont permis à notre projet immobilier de voir le jour, malgré nos limites financières et dans un quartier dynamique connu pour regrouper les acteurs de la tech rennaise, en face du métro et donc à 15 minutes de la gare porte à porte.
2) Avec qui partagez-vous ces lieux ?
Notre enjeu est d’être un tremplin pour des boîtes locales qui souhaitent se développer mais également un lieu « d’atterrissage » pour des boîtes d’autres régions qui souhaiteraient développer une activité à Rennes.
A l’heure actuelle, plusieurs associations sont déjà présentes : l’équipe de Rennes de l’AFCA pour l’organisation du Festival National du Film de Cinéma d’Animation, le Festival Court Métrange, l’association Film en Bretagne, l’association Clair-Obscur qui organise le festival Travelling à Rennes… Toutes ces structures sont accueillies en « coûts charges ». Elles ne paient pas de loyer, seulement leurs charges.
Il y a également un collectif de 4 studios de musique, copropriétaires des lieux, une formation au métier d’ingénieur du son et une formation musicale.
Nous avons par ailleurs une pépinière d’entreprises pour lesquelles nous pratiquons des prix « industries culturelles et créatives » qui sont environ 40% en dessous des prix marchés.
Ceci a été possible dès l’inauguration des lieux grâce à la subvention France 2030. Sans elle, nous aurions dû louer plein tarif et très vite, sans nous limiter aux acteurs des ICC.
A terme (et la subvention France 2030 nous permet justement d’attendre sereinement), il y aura aussi des studios et boîtes de production. Pour eux, non seulement le loyer de base ne sera pas très élevé, mais en plus nous leur proposons des contrats sécurisants puisqu’ils peuvent s’engager sur seulement 6 mois. Le temps par exemple de vérifier la viabilité de leur implantation ! Ce modèle est particulièrement intéressant pour les studios qui souhaiteraient « tester » la vie en Bretagne ! D’autant plus que les locaux sont vraiment prévus pour être opérationnels immédiatement.
3) Pourquoi la diversité des partenaires est-elle selon vous indispensable ?
La mixité réunie par l’espace entre l’événementiel associatif, la fabrication, la formation, en jeu vidéo et en animation, et la partie musicale avec la scène musicale mais aussi le son à l’image et la complémentarité des acteurs permettent l’apparition de projets qui sans cette proximité n’auraient pas vu le jour !
L’avantage c’est qu’en réunissant toutes les compétences (en image, en son, en tournage, en diffusion…), l’ensemble de la chaîne audiovisuelle est présent sur place ainsi qu’un lieu de vie pour faire des évènements.
L’emplacement est aussi important. Nous sommes à une station de métro du campus de l’université de Rennes dont le pôle informatique est un de nos premiers partenaires. Nous accueillons des licences 1 et 2 en informatique en workshops pour leur faire découvrir la 3D.
4) L’un des axes du projet de Creative Seeds soutenu dans le cadre de France 2030 concerne la création d’une prépa gratuite en ligne. Où en est ce projet ?
Nous en sommes à la phase de diagnostic et d’établissement du cahier des charges. Nous lancerons ensuite un appel d’offres pour définir le prestataire qui développera la plateforme. En parallèle, nous recrutons des enseignants supplémentaires pour générer les contenus pédagogiques – gratuits – de la plateforme.
La plateforme que nous souhaitons développer est conçue pour mettre en ligne du contenu grand public gratuit et pourrait être partagée avec d’autres écoles pour leur usage privé (réservé uniquement à leurs étudiants). L’utilisation se fera en fonction des comptes et abonnements prédéfinis.
A terme, et dans l’idéal, ce serait fantastique que d’autres écoles participent à la mise à jour des contenus. Car si certains concepts ne vieillissent pas, d’autres au contraire peuvent rapidement devenir obsolètes. Nous allons au maximum nous servir de logiciels open source pour que chaque utilisateur de la plateforme puisse suivre les enseignements sans avoir à investir dans des logiciels.
Cette offre répond à un vrai problème social en offrant la possibilité à des étudiants qui n’en auraient pas les moyens de passer par une formation préparatoire payante pour identifier leur intérêt pour nos métiers et intégrer une bonne école, qu’elle soit publique ou privée.
Il y a des talents fous en France qui ne peuvent pas intégrer le secteur de l’animation par manque de moyens… et ces talents manquent au secteur ! La mixité sociale est importante dans nos milieux.
Ce programme va être conçu en partenariat avec 2 lycées. Il pourrait devenir une option « art » périscolaire proposée par les lycées ou les centres pour la jeunesse. En ce cas, il pourrait même s’agir d’un loisir comme la musique ou le sport.
Il ne s’agira pas de concurrencer directement les prépas des écoles : certains étudiants auront toujours besoin d’un cadre scolaire pour apprendre.
Mais au contraire, cela permettrait de déclencher des vocations ou juste de ne pas se tromper de voie !
Des contenus de formation continue pour les enseignants (des lycées) sont également intégrés dans notre projet. Ce n’est pas pour en faire des graphistes ! Mais pour qu’ils aient les outils pour sensibiliser leurs élèves aux métiers de l’animation. Et aux réalités du secteur ! Rien ne sert d’encourager un trop grand nombre de lycéens à suivre des études d’animation que le secteur ne pourrait pas intégrer. En revanche, cette prépa pourrait servir à « repérer » les plus talentueux et les plus motivés.
5) La 1ère conférence Creative Machines a eu lieu le 15 avril dernier. Pouvez-vous expliquer l’objectif de cet événement ?
Nous avons mis en place un groupe de travail pour explorer, apprendre, et comprendre la révolution technologique des intelligences artificielles génératives et faire en sorte que le grand public bénéficie de ses réflexions. Une 1ère conférence s’est ainsi tenue le 15 avril dernier.
Le soutien de France 2030 nous permet de financer l’évènement pendant 3 ans. Le CNC et Rennes Métropoles ont également soutenu financièrement cette première édition. L’IRISA (Institut de recherches informatique et système aléatoire de l’Université de Rennes) finance les chercheurs qui participent aux conférences et accompagnent le projet.
Plusieurs acteurs se sont greffés à ce projet dès cette 1ère édition. Un groupe Discord a également été mis en place qui compte déjà plus de 380 inscrits et que toute personne intéressée peut rejoindre (https://discord.gg/eW54y4fTdn).
6) Quel bilan tirez-vous de cette 1ère édition ?
Nous avons réussi à tenir notre pari. Les échanges sur Discord sont vraiment très enrichissants.
Et la 1ère édition publique a attiré beaucoup de monde. Le bilan est donc très positif. Y compris pour la partie jam (conçue pour rassembler les esprits les plus créatifs et innovants).
Les conférences sont d’ores et déjà disponibles en ligne sur le site de 3DVF (https://3dvf.com/conferences-sur-les-ia-generatives-quels-impacts-dangers-enjeux-pour-la-creation-numerique-replay/) bientôt suivies par des interviews des jammeurs.
Nous commencerons bientôt la préparation de la 2ème édition et réuniront, avant cela, nos ambassadeurs à Annecy.
7) D’autres projets ?
Nous avons un projet de consortium d’établissement public porté par le campus des métiers et des qualifications de l’éducation artistique et culturelle de Bretagne. L’objectif est de répondre à un diagnostic des besoins en éducation artistique et culturelle en Bretagne, et plus largement au niveau national.
Avec ce collectif d’établissements, nous proposerons au niveau de Rennes une offre de formation « triptyque » entre les universités de Rennes 1 et Rennes 2, Creatives Seeds, les Beaux-Arts de Bretagne ainsi qu’un IUT pour travailler autour de la technologie au service de l’art, de l’interactivité… L’idée à terme est de faire travailler ensemble les étudiants de chaque discipline et, pourquoi pas, de créer un festival – avec des festivals existants – monté par et pour les étudiants.
Nous avons aussi des échanges avec un lycée voisin dans lequel il y a une section cinéma. Nous réfléchissons ensemble à la possibilité de création d’une section Art et technologie numérique plutôt orientée animation / jeux vidéo.
Contact : Camille Campion – Creatives Seeds – Cesson-Sévigné – E-mail : c.campion@creativeseeds.fr – Site web : https://creativeseeds.fr/