En janvier dernier étaient annoncés les résultats du tout premier concours du RECA, lancé en partenariat avec Les Femmes s’Animent et avec le soutien du CNC, de l’AFDAS et de la CPNEF de l’Audiovisuel, sur le thème de l’égalité Femmes / Hommes. C’est Selma Maillard, 19 ans « et demi », étudiante en 2ème année à l’Ecole Estienne, qui a été sélectionnée parmi les 18 candidatures reçues.
Pour rappel, outre une gratification financière, ce concours offre au lauréat un accompagnement personnalisé pour le développement de son clip au sein de son école ainsi qu’un stage en studio pour sa réalisation.
1) Quel a été votre parcours avant d’intégrer l’école Estienne ?
Je suis née à Paris, mais j’ai vécu et grandi jusqu’à l’obtention de mon bac à Marrakech. Adolescente, j’étais déjà attirée par le monde de l’art : pendant mes temps de loisirs, je dessinais et faisais du théâtre. A l’époque, j’avais envie de tout faire ! J’avais aussi commencé la sculpture avec des créations plutôt bizarres… C’est peut-être ce qui m’a permis d’intégrer l’école Estienne il y a un an et demi. C’était pendant la période COVID…Nous étions sélectionnés uniquement sur dossier. Et je pense que le mien était un peu un OVNI ! C’est peut-être cette originalité qui a fait la différence.
Pour être sincère, initialement je n’avais pas pensé suivre ce type d’études. J’adorais l’animation ! Mais d’une part, au Maroc, il n’y a pas beaucoup d’offres en ce qui concerne ce milieu. Et d’autre part, je ne me sentais pas forcément légitime. J’ai entamé ces études un peu comme un défi.
C’est très impressionnant vu de l’extérieur. Les travaux d’étudiants notamment. Ce n’est pas simplement du dessin. Il faut savoir faire vraiment beaucoup de choses. Mais j’ai finalement admis qu’en me donnant les moyens, je pouvais y arriver moi aussi. J’ai donc quitté ma famille et mon pays à peine majeure. Pour tout dire, j’avais plutôt hâte d’avoir cette indépendance. Mais à mon arrivée en France, l’intégration n’a pas été aussi facile que ce que j’avais imaginé. Mais maintenant tout va bien. Il y a une très bonne ambiance à l’école. Mes camarades sont fiers que j’aie gagné ce concours et me soutiennent dans mon projet.
2) Quelles étaient vos motivations pour participer à ce concours ?
C’est tellement difficile de trouver un stage aujourd’hui que je dois avouer que c’est cette opportunité qui m’a, au départ, motivée. Par la suite, pour bien comprendre les enjeux du thème et travailler sur ma proposition, j’ai écouté les conférences de Les femmes s’Animent sur leur site et j’ai compris toute l’importance et l’intérêt du sujet. J’ai eu envie d’ajouter ma pierre à l’édifice. L’inégalité entre les femmes et les hommes n’était pas un problème que je ressentais à l’école. J’avais même plutôt l’impression qu’à force d’être « rabâché » partout, il perdait de son importance. Ou qu’il était résolu. Mais en fait pas du tout !
Au cours de mes recherches pour imaginer mon clip, j’ai appris qu’il y a un peu plus de filles dans les études d’animation que de garçons. Mais que la proportion s’inverse dans le monde professionnel ! Comme beaucoup, je me suis demandé pourquoi. Et surtout, où été passées ces femmes ?! C’est aussi ce qui m’a donné envie de faire quelque chose pour « la » cause.
3) Pouvez-vous nous présenter votre projet ? Quelle en a été sa genèse ?
Pour être honnête, je ne sais plus vraiment comment m’est venue l’idée ! Je m’étais donné les vacances de Noël pour finaliser mon dossier. Mon frère était venu du Maroc pour me voir. ET cela a été compliqué car nous sommes tous les 2 tombés malades ! J’ai même pensé abandonner. Mais je m’étais engagée à participer à ce concours : alors je me suis accrochée… En pensant que de toute façon, je n’avais rien à perdre.
Pour la petite histoire, on dit dans ma famille que mon frère est extrêmement chanceux… et que c’est grâce à sa présence que j’ai gagné !
Mon projet démarre par un dîner entre un homme et une femme, qui vire en valse et qui s’affranchit des non-dits au moment de payer l’addition. Parce que c’est toujours le moment où personne ne sait quoi faire ! Certains pensent que c’est l’homme qui doit payer… Certaines femmes veulent payer pour prouver leur indépendance ! D’autres ne savent pas, hésitent…Je pars de cette situation que je trouve comique pour parler des différences et des injustices mais avec humour et positivité.
J’avais en tête l’idée de réaliser un clip en m’inspirant d’une chanson ancienne que tout le monde connaît. J’ai choisi la Valse à 1000 Temps de Jacques Brel. Avec son rythme qui s’accélère…
4) Quel est le principal message que vous souhaitez faire passer ?
Plus qu’un message à faire passer, c’est plutôt de nouveau cette interrogation qui me pose question et que j’aimerais partager : où passent les femmes ?! Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi à niveau égal, certaines sont moins payées que les hommes. Si je devais formuler un message, ce serait celui du partage. Dans mon projet, l’addition sert de prétexte. A la fin, l’idée c’est juste de partager. A égalité !
Ce que j’adorerais c’est que les paroles de mon clip rentrent dans la tête des gens !
5) Quelles sont vos “envies” professionnelles pour plus tard ?
Idéalement, j’aimerais à terme devenir réalisatrice. Mais je ne sais pas encore vraiment. Je pense continuer mes études d’animation après Estienne (ndlr : l’Ecole Estienne dispense un DNMADE en 3 ans) mais si j’ai une opportunité professionnelle, je ne m’interdis pas de la saisir. Certains savent déjà qu’ils veulent être storyboarders, ou animateurs…. Moi, tout m’intéresse ! J’ai envie de tout faire ! Ce que je sais c’est que je veux créer. Et rester dans le secteur de l’animation qui pour moi rassemble toutes les formes d’art que j’aime : la création manuelle, le théâtre, l’écriture… avec en plus tellement de techniques possibles !
Contact : Selma Maillard – Paris – E-mail : selmaillard@gmail.com – Insta : @sel_maillard