A la question de la maitresse « Elle fait quoi ta maman ? », Charlotte dresse, après réflexion, une longue liste de métiers qu’elle voit sa mère accomplir quotidiennement : pilote de course, docteur, vétérinaire, chef cuisinière…
C’est ainsi qu’Ismaël Paul Haoudji, lauréat du 3ème concours RECA, a décidé de traiter l’égalité Femmes Hommes dans un projet de film tendre et positif. Entretien avec cet étudiant de l’institut Sainte Geneviève, bien ancré dans sa génération.
1) Quel a été votre parcours avant d’intégrer l’Institut Sainte Geneviève ?
Quand j’étais en 3ème, j’avais fait mon stage d’observation chez Technicolor, un studio d’animation parisien. J’avais été très impressionné par le film d’Aurel, Josep, sorti en 2020. C’est ce film qui a déclenché mon envie de travailler dans l’animation. J’ai donc continué le lycée dans une filière générale, tout en travaillant, à la maison, l’intégration dans une école d’animation. Josep est un film documentaire. J’aime l’idée que des films mettent l’animation au service du réel. C’est d’ailleurs ce que propose l’institut Sainte Geneviève dans l’un de ses DNMADE. J’ai eu la chance d’être admis dans cette école via Parcoursup. Pour tout dire, j’étais d’abord sur leur liste d’attente. J’étais tellement content le jour où ils m’ont annoncé que j’étais finalement retenu ! Cela fait 2 ans maintenant. L’Institut Sainte Geneviève, en plus de l’aspect animation, m’a aussi apporté l’aspect narratif du cinéma. C’est-à-dire savoir raconter une histoire. On y apprend aussi différentes techniques, ainsi que le montage, les raccords…
2) Pourquoi participer à ce concours ?
J’aime bien l’idée de travailler tout seul, sur son propre film. C’est une réelle opportunité pour développer son univers. J’avais déjà participé à un concours de film l’année dernière : celui proposé par le CROUS pour la création d’un court-métrage de 1 à 5’ autour du mot « espoir ». Ce qui m’a plu dans le concours du RECA, c’est la possibilité de travailler sur un sujet plus ciblé. Je me suis beaucoup documenté : je suis allé chercher des livres, j’ai lu des enquêtes sur cette question d’égalité. Avoir plus de contraintes est un exercice vraiment intéressant qui m’a permis de réfléchir de manière plus précise.
Notre génération se pose la question de l’égalité Femmes Hommes. A l’ISG, il y a clairement plus de filles que de garçons ! Elles parlent de ce qui peut les attendre dans le monde professionnel. Cela nous oblige, nous les garçons, à réfléchir aussi à la question.
3) Comment est né votre projet ?
Le projet que j’ai envoyé au RECA n’était pas ma 1ère idée ! Au départ, j’avais imaginé un scénario beaucoup plus sombre sur les violences sexistes et sexuelles qui aurait pris la forme d’un documentaire autour d’un collectif qui s’occupe de gérer des problèmes de VSS. Non seulement c’était vraiment très sombre mais en plus difficile à aborder en 1 minute.
J’ai donc réfléchi à une autre façon d’aborder le thème.
J’ai repensé à mes soirées de baby-sitting dans une famille, très différente de la mienne, où la maman faisait tout ! Ce qui m’avait vraiment surpris, c’était que les enfants demandaient toujours tout à leur mère… jamais à leur père ! C’est autour de cette situation que j’ai commencé à écrire mon scénario.
J’ai la chance d’être dans une famille où les tâches se répartissent de façon égalitaire. Je crois que cela peut vraiment changer en fonction des catégories socio-professionnelles.
4) Quel est le principal message que vous souhaitez faire passer ?
Ce que j’aimerais montrer dans mon film, c’est que le travail domestique est encore souvent porté par les femmes. Et que la société le sait. Parfois de façon consciente. Et parfois inconsciente.
Dans mon film, Charlotte se rend compte – peut-être un peu confusément – que sa maman fait beaucoup plus de choses que son papa et que c’est totalement inégalitaire en termes de répartition. A tel point qu’on en oublie même le métier rémunéré de la mère ! D’ailleurs, je ne le définis pas dans le scénario. J’ai hésité sur ce point. J’avais même imaginé 2 versions : l’une où Charlotte commençait par la profession de sa mère et ajoutait « ah mais elle fait aussi ça… et ça… et ça ! ». Et puis une autre version – celle que j’ai finalement envoyée au RECA – sans cette précision. Peut-être que le scénario évoluera encore pendant le développement.
Quand je me suis penché sur les statistiques pour étayer mon discours, je me suis rendu compte que la perception que l’on pouvait en avoir dépendait beaucoup de la présentation que l’on faisait des chiffres !
Au final, c’est bien la mère le héros de la famille !
5) Des projets pour l’avenir ?
A court terme : mon principal objectif est de faire mon film. J’ai vraiment hâte !
Après mon DNMADE, idéalement, j’aimerais continuer mes études. La formation de l’Institut Sainte Geneviève est très intéressante et complète mais n’est pas toujours reconnue sur le marché du travail comme une formation professionnelle. J’aurai sans doute besoin d’un « complément de bagage ». J’aurai surtout très certainement encore l’envie d’apprendre ! Il faut dire que la situation du marché actuelle incite aussi à aller le plus loin possible.
J’ai déjà repéré une formation complémentaire à l’ESAAT de Roubaix qui m’intéresse beaucoup. Tout comme l’EMCA, à Angoulême. Ce sont des écoles qui ont, à mon sens, les objectifs créatifs très proches de ceux de l’ISG.
Contact : Ismaël Paul Haoudji – E-mail : ismael.paulhaoudji@sainte-genevieve-paris6.org – Site web : https://readymag.website/u2805254250/5117723/