TEAMANIM, la toute jeune Association pour l’Audiovisuel Animé en Auvergne Rhône Alpes, a pour objectif de faire le pont entre les étudiants, les pros et les studios en mettant à leur disposition toutes sortes d’annonces, d’informations, de documents… Leurs fondateurs dirigeants, Guillaume Oury et Lucas Chelim se feront les porte-paroles des étudiants lors des Assises du Stage organisés par le RECA le 12 octobre prochain. Avant cela, ils ont accepté de répondre aux questions d’e-RECA.
1) Pouvez-vous raconter vos parcours personnels ?
Lucas Chelim : Guillaume et moi avons suivi nos études dans la même école à LISAA : en jeux vidéo spécialisé en game art pour moi et en animation 2D pour Guillaume. Ensuite, en 2021/22, je me suis spécialisé via un double cursus dans le domaine de la UI (user interface = interface utilisateur) et la UX (user experience). Actuellement, je suis à la recherche d’un poste dans ce secteur.
Guillaume Oury : J’ai donc eu un bachelor en animation 2D en 2020. Malgré le COVID, j’ai eu la chance de trouver un stage de 6 mois tout de suite à la sortie de mes études, chez Mondo TV, pour la série Disco-Dragon diffusée sur France Télévisions. En parallèle, pour solidifier un projet personnel de court métrage, j’ai suivi une formation en écriture et préparation au pitch à Angoulême. Après quelques petites missions à distance, j’ai déménagé il y a 3 ans à Annecy pour intégrer l’équipe de Caribara et travailler en tant qu’infographiste compositing junior sur la série The Unstoppable Yellow Yeti diffusée par Disney +. J’ai ensuite travaillé sur plusieurs pilotes avant de rejoindre la série Pompon Ours pour France Télévisions, toujours en compositing. J’enseigne également dans une école d’animation (l’ENAAI) et m’occupe bien évidemment de TEAMANIM.
2) Pouvez-vous en quelques mots présenter votre association TEAMANIM ?
GO : J’ai eu l’idée de créer TEAMANIM fin août 2022, en constatant qu’en région, c’est-à-dire loin de Paris, il n’y avait rien pour aider les jeunes (et moins jeunes !) à trouver du travail ou un stage, à comprendre la législation, voire à les accompagner pour s’installer. L’objectif était donc de mettre tous les moyens et assistance possibles à disposition pour tous les pôles du secteur et de créer un cercle vertueux qui remettrait de l’humain dans les rouages ! Ce sont vraiment les mots clés de TEAMANIM : de l’humain, de la discussion et surtout de l’entraide – peu importe la situation ou le poste occupé !
Avec Lucas, nous avions envie de nous investir pour les autres, dans une démarche de bénévolat. Nous nous sommes très vite rejoints sur l’ADN et la philosophie de l’association que nous avons créée ensemble.
LC : Un jour Guillaume est arrivé avec cette idée jetée sur un post-it… J’ai tout de suite adhéré et comme j’en avais les compétences, j’ai créé le site internet de l’association. Même si je suis toujours à Paris, je pense que nous avons à faire face aux mêmes problématiques. Que ce soit en animation ou dans le game, en dehors de LinkedIn, il n’y a pas vraiment d’outils qui créent du lien.
3) Quelles sont vos principales actions ?
GO : A ce jour, nos principales actions sont la mise en place d’une plateforme totalement libre et gratuite d’accès qui centralise les offres de stage, d’alternance et d’emploi sur la région Auvergne Rhône Alpes dans les domaines de l’animation, du motion design, du jeu vidéo, de la VR, des VFX, du sound design, la communication visuelle… Nous centralisons l’ensemble de l’accès à la formation professionnelle (vitrine d’organisme). Et déployons un annuaire centralisé de la région (déjà 170 structures) ainsi qu’une ‘’docuthèque’’ qui a pour objectif de simplifier l’accès à la législation très souvent trop complexe.
Nous organisons également des évènements physiques comme des présentations avec le Pôle Emploi Scène Image sur les différents régimes et statuts. Nous mettons en place des partenariats avec des organismes locaux comme la Cartoucherie.
Nous pouvons aussi, à la demande des studios, organiser des job dating ou d’autres types de rencontres. Nous coordonnons également des Meet Skill Events, sorte de jam qui offre aux étudiants la possibilité pendant 48h de partager en binôme l’expertise technique de professionnels. Nous pouvons aussi aider les écoles à trouver des intervenants, à partager des offres de stages…
4) A qui s’adresse TEAMANIM ?
GO : Pour l’instant l’association porte ses efforts sur le territoire physique de la région Rhône Alpes. Tous les outils et évènements proposés le sont en priorité aux étudiants, écoles, techniciens, salariés de cette région. Cela nous permet d’être en contact avec des petites structures qui sont parfois un peu oubliées. Et surtout d’être très proches des problématiques du terrain. Mais notre association s’insère dans une stratégie nationale. Car notre réflexion ne se cantonne pas à une échelle locale ! Et nos outils, en particulier notre site internet, est accessible par tous.
5) Comment êtes-vous financés ?
GO : L’association est financée par des partenaires à qui nous demandons une cotisation annuelle. Et par des appels aux dons. L’association est pour l’instant totalement bénévole. J’en profite pour lancer un appel : toute aide, même ponctuelle, est la bienvenue ! Nous recherchons notamment un motion designer bénévole pour créer 2 contenus vidéo. Nous aimerions aussi avoir des référents dans les grandes villes de notre région. Nous avons déjà une personne à Valence. Nous aimerions trouver des contacts sur Lyon, Annecy, Grenoble, Clermont-Ferrand …
6 )Vous interviendrez aux prochaines Assises du Stage organisées par le RECA. Quelles sont selon vous les principales difficultés rencontrées par les étudiants ?
GO : Au vu des résultats de l’étude que nous avons menée auprès des étudiants (ndlr : l’étude a été menée auprès des étudiants de toutes les écoles, pas uniquement celles du RECA), la 1ère difficulté se situe au niveau des moyens et outils mis à leur disposition pour effectuer une recherche de stage. Pour l’instant, l’offre leur semble trop disparate et peu claire. Ils ne connaissent pas les plateformes qui centralisent les offres ou donnent des conseils : comment rédiger un bon CV ? Qu’est-ce qu’une bonne demo-reel ? Un bon portfolio ? Les étudiants ont l’obligation de trouver un stage mais se sentent totalement abandonnés pour cette recherche.
LC : Il s’agit bien évidement d’une synthèse des retours que nous avons eus qui ne vaut pas pour toutes les écoles. Si je prends mon cas personnel, j’ai étudié dans 2 écoles et le process était très différent de l’une à l’autre. Plusieurs étudiants nous ont par ailleurs expliqué qu’ils aimeraient être accompagnés, par exemple par un référent dédié au sein de l’école auquel ils pourraient poser leurs questions. Est-ce que j’ai bien rédigé mon CV ? Ma lettre de motivation ? Est-ce que je dois ou non relancer les studios ? Quand ? Comment ?…
GO : Certains étudiants reprochent également à leurs écoles de ne pas les avoir aiguillés dans le bon domaine. Les étudiants sont souvent très généralistes dans un secteur où la demande va plutôt aux spécialistes. Un jeune qui aurait suivi une formation en animation 3D ne peut pas se prétendre spécialiste en texturing, shading, lighting, compositing … Les métiers sont trop techniques ! Ce manque de spécialisation est un vrai frein pour les studios. Ceci vaut surtout pour les bachelors.
Les étudiants soulignent aussi l’absence de réponse des studios. C’est malheureusement une spécificité française qui n’a pas cours à l’étranger. Cela donne une très mauvaise image des studios aux jeunes talents.
7) Comment leur rendre la recherche de stage plus facile ?
GO : Les studios devraient rendre leurs offres de stages plus claires : où et auprès de qui candidater ? Pour quel poste ? A quelle période ?
Autre reproche qui est fait aux studios une fois qu’un étudiant est entré en stage concerne la rémunération qui est souvent jugée trop faible.
LC : La mise en place d’un encadrement spécifique au sein des écoles pour les stages est vraiment attendue par beaucoup. Les étudiants ont le nez dans leur cursus, ils ont beaucoup de matières nouvelles à apprendre et négligent parfois la gestion de leur carrière. Ce domaine ne fait d’ailleurs pas souvent partie des programmes !
GO : Trop d’étudiants demandent des stages ! Il faudrait réduire leurs nombres et ne se concentrer que sur ceux qui sont en fin de parcours, bachelor ou master. Et privilégier en revanche l’alternance pour les autres années. Cette proposition permettrait de désengorger rapidement le secteur mais aussi de permettre aux étudiants de se former correctement.
LC : Il faudrait aussi encourager les étudiants à effectuer leur stage à d’autres moments de l’année que pendant l’été. C’est le cas dans certaines écoles qui autorisent leurs étudiants à ne pas aller en cours pendant le temps scolaire pour réaliser leur stage.
8) Quels sont les projets de TEAMANIM ?
GO : TEAMANIM entre désormais dans sa 2ème phase : celle de la mise en place de partenariat et d’évènements sur le terrain. Le premier, Légi Porte, s’est tenu le 19 septembre dernier à Annecy. Il s’agit, grâce au Pôle Image Scène Emploi, de faire connaître la législation du secteur. Une 2ème édition est prévue prochainement à Valence, puis un 3ème début 2024. Nous programmons également : 4 sessions de Meet Skill Event, nos 48H de jam par équipe (un étudiant / un pro) entre novembre et juin 2024 ; notre AG (ouverte à tous) ; un appel à bénévoles en début 2024 ; l’organisation de café-rencontres. Nous sommes également en discussions pour avoir une présence sur le prochain festival d’Annecy. Et réfléchissions à la possibilité d’avoir une projection régionale de tous les films étudiants, toutes promos confondues, qui se déroulerait sur une journée en juin ou juillet 2024. TEAMANIM sera par ailleurs amené à intervenir dans différents établissements scolaires, dans notre région mais aussi en dehors, dès cette fin d’année.
LC : Sans oublier la « ciné roulotte » : une sorte de festival itinérant dans la région des films d’étudiants. Cela permettrait de faire connaître l’animation à un public plus large. C’est important !
9) Et à titre personnel ?
LC : A court terme, mon principal projet est de trouver du travail dans ma branche, idéalement dans le milieu du web et en Rhône Alpes. J’aimerais en effet venir m’implanter dans la région. Parallèlement, je continue à développer et d’améliorer le site de TEAMANIM.
GO : J’ai de nombreux projets en cours ! Notamment mon 2ème court métrage qui est toujours en développement. Je prends aussi mes fonctions de référents technique au sein de l’ENAAI où j’enseigne, un nouveau défi ! Et occuperai, dès l’année prochaine, un poste de chef compositing dans un studio valentinois. Ce sera une nouvelle expérience et j’ai hâte de m’y atteler. Et bien sûr, car TEAMANIM me tient vraiment à cœur, je continuerai de faire évoluer l’association car je suis persuadé que nous en avons besoin.
Contact : Guillaume Oury & Lucas Chelim – TEAMANIM – Annecy – E-mail : teamanim.rhonealpes@gmail.com – Sites : https://www.team-anim.com/ – https://discord.gg/d7me5yvYza / https://www.instagram.com/teamanim_aura/