Créé en 2023, le site www.acommeanim.com, d’accès totalement libre et gratuit, offre à tous les jeunes souhaitant se renseigner sur l’animation, ses métiers et son environnement une mine d’informations et de ressources. Rencontre avec son créateur, Xavier de Broucker.
1 ) Quel a été votre parcours personnel ?
J’ai commencé par une licence informatique, avant de suivre le cursus de Supinfocom à Valenciennes (ndlr : aujourd’hui Rubika) et de travailler en tant qu’animateur 3D pendant une dizaine d’années. J’ai également été VFX artist sur divers projets (séries TV, long métrage). Puis j’ai suivi plusieurs formations au scénario dont celles de Robert Mc Kee et Matthew Luhn de Pixar, afin de travailler comme scénariste. A 38 ans, j’ai préparé un mastère de production audiovisuelle à l’ESG Paris pour mieux comprendre le financement des œuvres. Une amie directrice de production m’a ensuite proposé un poste de 1er assistant réalisateur. Cela m’a beaucoup plu ! J’ai enchainé en devenant réalisateur (notamment sur la saison 2 de Les Lapins Crétins).
En 2015, j’ai commencé parallèlement à enseigner l’animation 3D dans différentes écoles comme Les Gobelins ou The animation Workshop et à l’ESRA où j’étais aussi, de 2019 à 2023, coordinateur pédagogique.
Aujourd’hui, je continue d’enseigner et de travailler sur des projets. Actuellement, je suis 1er assistant réalisateur sur la saison 6 de Miraculous Ladybug.
Toutes ces expériences m’ont permis de bien connaitre la chaine de fabrication d’une série ou d’un film. C’est aussi ce qui me permet de bien cerner les besoins tant du côté de la formation que de celui de la production et de créer des passerelles entre les deux.
2) Pourquoi avoir créé acommeanim.com alors que d’autres sites d’informations sur l’animation existaient déjà ?
L’idée m’est venue d’une expérience que j’ai eue dans un lycée. Un jour, je suis allé dans l’établissement de ma fille pour expliquer mon travail. Je me suis rendu compte que les élèves (de 1ère) étaient très intéressés… mais ne connaissaient vraiment rien au monde de l’animation. Ils m’ont posé de nombreuses questions. Très pertinentes. Souvent très pratiques. Quels métiers peut-on exercer ? Pour quel salaire ? Sous quelle forme de contrat ?… J’ai pensé qu’il fallait créer un outil qui réunirait ces informations pour ce type de public.
J’ai d’abord écrit un livre, publié en 2020 par Studyrama (https://librairie.studyrama.com/produit/4421/9782759042548/les-metiers-de-l-animation-et-des-effets-speciaux). Puis en 2023 j’ai eu envie de créer un site, plus facilement accessible et actualisable.
3) A qui le site acommeanim.com s’adresse-t-il principalement ?
La majorité des sites existants s’adressent à un public déjà inséré dans les métiers de l’animation ou bien en cours d’études d’animation. Mais pour un public qui souhaite se diriger vers ces études sans rien y connaitre, il n’y avait pas grand-chose.
Acommeanim.com s’adresse donc en premier lieu aux lycéens intéressés par l’animation et qui ne savent pas où commencer leurs recherches. Le site leur apporte des informations sur les écoles, les diplômes, les différents types de métiers et les évolutions de carrière, mais aussi des données plus générales sur l’économie du secteur.
Puis de fil en aiguille, en parlant avec des étudiants et des jeunes qui démarrent dans le métier, je me suis aperçu qu’ils s’interrogeaient sur les conditions de travail, les horaires, l’intermittence, les contrats… J’ai donc enrichi le site avec de nouvelles informations sur ces questions essentielles.
Acommeanim.com se situe donc au tout début du parcours de l’aspirant animateur, il s’adresse aussi à tous ceux, étudiants et actifs, qui envisagent de s’orienter ou se reconvertir vers ces métiers.
4) Quelles sont les particularités de acommeanim.com ?
J’essaie donc de rassembler sur acommeanim.com toutes les informations de base, un peu comme dans un annuaire.
L’onglet « S’informer » offre un condensé sur tout ce que j’ai pu trouver sur le net concernant l’animation. Il y a beaucoup d’initiatives intéressantes que les étudiants ne connaissent pas : «Les Femmes s’Animent », « Bring your own work » (un rendez-vous pour montrer ses démos), les syndicats professionnels…
L’onglet « Quel diplôme pour travailler dans l’animation » inventorie les différents titres qui existent, afin de faire le tri dans le maquis des diplômes reconnus ou pas.
J’essaie de référencer tout ce qui me parait utile pour les aider à démarrer leur réseau et leur parcours professionnel.
Je remercie d’ailleurs les studios et les personnes qui m’ont aidé à alimenter le site en images, vidéos et informations qui en renforcent la pertinence.
5) Quelles sont les particularités de acommeanim.com ?
J’essaie donc de rassembler sur acommeanim.com toutes les informations de base, un peu comme dans un annuaire.
L’onglet « S’informer » offre un condensé sur tout ce que j’ai pu trouver sur le net concernant l’animation. Il y a beaucoup d’initiatives intéressantes que les étudiants ne connaissent pas : «Les Femmes s’Animent », « Bring your own work » (un rendez-vous pour montrer ses démos), les syndicats professionnels…
L’onglet « Quel diplôme pour travailler dans l’animation » inventorie les différents titres qui existent, afin de faire le tri dans le maquis des diplômes reconnus ou pas.
J’essaie de référencer tout ce qui me parait utile pour les aider à démarrer leur réseau et leur parcours professionnel.
Je remercie d’ailleurs les studios et les personnes qui m’ont aidé à alimenter le site en images, vidéos et informations qui en renforcent la pertinence.
6) D’autres développements sont-ils prévus ?
J’aimerais développer une page sur l’actualité économique du secteur, accompagnée d’un baromètre de l’emploi. C’est ce qui intéresse en priorité les étudiants… et leurs parents ! Je pense à un outil très simple qui indiquerait, grâce à des codes couleurs, les métiers en tension, le taux d’emploi etc.
J’aimerais aussi créer une page ‘’Culture’’ regroupant des recommandations – totalement subjectives ! – de « vieux » films ou livres à connaître. La nouvelle génération a beaucoup de qualités, de curiosité, mais elle semble plus réticente à explorer les classiques du cinéma ou de la littérature. Or, à mon sens il est pourtant nécessaire quand on entre dans ce secteur, de pouvoir s’appuyer sur une solide culture générale, une culture de l’image qui englobe d’autres arts comme la danse ou le théâtre. Les séries actuelles sont pour beaucoup captivantes mais il est important de connaitre les œuvres du passé car elles peuvent nourrir une inspiration plus large, plus riche.
7) Qu’est-ce qui fait selon vous la qualité des écoles françaises ?
Les écoles françaises ont l’avantage de l’antériorité. Certaines ont aujourd’hui plus de 30 ans, c’est-à-dire qu’elles ont démarré au moment de l’explosion du secteur de l’animation. J’ai moi-même été diplômé de Supinfocom (aujourd’hui « Rubika ») en 1995 ! Avec mes camarades, nous arrivions aux tout débuts d’un secteur en pleine ébullition : le film « Jurassik Park » et ses dinosaures en 3D date de 1993, le premier « Toy Story » de 1995. Dans le même temps le marché français s’est développé, alimenté par l’intérêt de la publicité, du vidéo clip, des trucages, de l’habillage TV, de la série TV… Soutenu par les possibilités de financement spécifiques à notre pays et assis sur une culture graphique forte, ce marché a rapidement permis d’offrir un panel de productions large et varié qui a fait progresser les infographistes.
Ceux-ci ont, pour certains, à leur tour formé de nouveaux étudiants avec des techniques apprises dans l’industrie. C’est ainsi qu’un cercle vertueux s’est créé, menant à la qualité des écoles françaises.
8) Le secteur connait des variations d’activité, aujourd’hui il est moins dynamique… Qu’en est-il des débouchés et que conseiller à un jeune qui souhaiterait se lancer ?
Il y a une baisse d’activité depuis quelques mois en France comme à l’international : le Canada n’embauche plus autant qu’avant, le Brexit a rendu difficile le travail en Grande-Bretagne… Parallèlement, on assiste à un développement sans doute excessif des offres de formation, avec le risque de surestimer la capacité d’absorption de l’écosystème de l’animation.
Chaque année, il y a beaucoup de nouveaux arrivants dans le secteur pour un nombre de postes réduits. Il faut donc rester prudent.
Il existe bien sûr d’autres secteurs économiques (l’industrie, la médecine, l’architecture, la reconstitution historique…) qui embauchent également des artistes 3D, ce qui ouvre de nouvelles perspectives. Cependant, ces débouchés restent à mon sens assez anecdotiques et ne permettront pas d’absorber tous les jeunes diplômés.
A quelqu’un de réellement passionné et qui voudrait faire carrière dans l’animation, je conseillerais de s’accrocher ! Et de beaucoup travailler. Pas seulement la technique ou l’artistique mais aussi le réseau et son relationnel.
9) Quelles sont les qualités essentielles pour réussir en animation ?
Avant tout : il faut être bon techniquement et artistiquement ! Et peut-être encore plus maintenant avec la hausse du nombre de jeunes diplômés.
Il faut par ailleurs être capable de s’adapter à différents styles, avoir une palette de sensibilités assez large pour pouvoir travailler aussi bien l’animation hyper réaliste que le cartoon. Et malgré tout – j’encourage mes étudiants en ce sens – il faut rester singulier ! Il faut pouvoir apporter sa touche personnelle à une production.
D’un point de vue technique, je conseillerais de se former à des logiciels comme Unreal, Houdini et Blender pour les artistes 3D. Également au développement d’outils informatiques qui puissent fluidifier les longs processus de l’animation. Enfin, ne pas avoir peur de s’emparer des nouveaux outils de l’IA car ils peuvent apporter beaucoup si l’on apprend à s’en servir avec discernement.
S’il faut être fort techniquement et artistiquement, il faut aussi – et cela compte énormément – être doté de softs skills : capacité d’écoute, réactivité, bon relationnel, proactivité, capacité à trouver sa place et à comprendre les hiérarchies parfois peu visibles mais pourtant bien présentes. Il faut savoir se positionner.
Pour durer dans ce métier, il est important de se montrer fiable. On doit pouvoir compter sur les personnes que l’on recrute. Un exemple concret : certains étudiants « sèchent » les cours, y compris ceux dispensés par des professionnels, qui sont donc potentiellement de futurs employeurs. Clairement, ce n’est pas le bon message à envoyer…
Enfin, il faut cultiver son réseau professionnel et amical. Les recrutements dans l’animation se font principalement par le bouche-à-oreille.
Contact : Xavier de Broucker – E-mail : contact@acommeanim.com – Site web : www.acommeanim.com