Étudiante en 3ème année d’animation 3D à l’IIM (Paris La Défense), Margot Wolff est la lauréate de la 2ème édition du concours RECA, organisé en partenariat avec Les femmes s’Animent et le MAAAV, et avec le soutien de la CPNEF de l’Audiovisuel et Unreal Engine, avec son projet « Lettre à Garance ». L’objet de ce concours est la création d’un clip sur l’égalité Femmes / Hommes, un thème cher à Margot qui a commencé à ‘’militer’’ dès ses 12 ans ! Preuve que le féminisme, comme le talent, n’attend pas le nombre des années.
Avant de réaliser son court métrage cet été dans un studio partenaire, elle bénéficiera d’un accompagnement personnalisé au sein de son école pour son développement.
1) Quel a été votre parcours avant d’intégrer l’IIM ?
Alsacienne d’origine, j’ai suivi une partie de ma scolarité à Strasbourg. Jusqu’à l’obtention d’un Bac scientifique. Pour mes études, j’ai hésité entre les sciences et l’art. Finalement, j’ai suivi pendant 1 an une prépa artistique à Reims qui m’a permis d’intégrer les Beaux-Arts d’Annecy, une école d’art idéale pour ceux qui abordent les thèmes de l’environnement dans leurs travaux. Pendant ma 2ème année à Annecy est arrivé le COVID. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à l’informatique. Et a aimé ça !
Comme mes projets devenaient de plus en plus informatiques, j’ai souhaité m’orienter vers une école plus technique. C’est comme ça que j’ai choisi l’IIM qu’un ami m’avait conseillé. En 1ère année, cette école est généraliste. Elle permet d’aborder plusieurs disciplines (animation, jeu vidéo…) et de choisir sa voix en fonction de ses affinités. Ce qui était parfait pour moi qui ne savais pas encore précisément ce que je voulais faire !
Quand j’ai découvert tout ce qu’on pouvait faire en 3D, j’ai été totalement conquise. J’y retrouvais ce rapport aux volumes qui m’intéresse depuis toujours. Avec un côté scientifique puisqu’on y trouve des notions de géométrie, l’étude du mouvement, l’interaction des éléments…
2) Quelles étaient vos motivations pour participer à ce concours ?
Le sujet de l’égalité Femmes-Hommes m’intéresse depuis très longtemps ! J’ai découvert le féminisme et tout ce qui tournait autour en 5ème. Au collège et au lycée, on avait monté un petit comité avec 2 ou 3 copines pour mener des actions de sensibilisation autour des métiers. Ma curiosité pour le féminisme s’est aussi éveillée de manière plus “empirique”, en explorant sur internet des moyens de contester les normes sociétales. J’étais tombée sur des discussions où des femmes partageaient comment remettre en question certaines attentes. Cela m’a amenée à réfléchir et à commencer à prendre conscience des inégalités que la société nous impose, notamment en termes d’apparence et de codes vestimentaires…
Au lycée, j’ai développé plusieurs projets autour de ce sujet. Et j’ai continué en prépa.
En 2ème année, à Annecy, je faisais partie d’associations féministes et ai participé à des performances, notamment dans des musées. Au pôle De Vinci, je fais aussi partie d’une association féministe, S.A.F.E (instagram : safe_devinci), pour laquelle j’ai aidé à établir plusieurs protocoles : nous intervenons dans les soirées étudiantes, en ‘’anges gardiens’’, pour vérifier que tout se passe bien. Si jamais quelqu’un subit une violence sexiste ou sexuelle, nous intervenons. Nous avons suivi des formations pour cela. Nous avons également installé des distributeurs de protections périodiques dans les toilettes. Nous développons des opérations de sensibilisation.
La 1ère motivation pour participer à ce concours était donc clairement l’intérêt que je porte au sujet.
La 2ème est que j’aimerais devenir réalisatrice. Alors cette possibilité de faire « mon » film au cours d’un stage dans un studio, c’était juste un rêve !
3) Pouvez-vous nous présenter votre projet ? Quelle en a été la genèse ?
J’avais participé à la 1ère édition du concours l’année dernière… J’avais pensé évoquer les inégalités dans le monde de l’animation avant de finalement proposer un sujet sur le surmenage des femmes (ndlr : projet classé 3ème ex aequo). Cette année, je me suis souvenue de ma 1ère idée. Elle me tenait vraiment à cœur. Entre temps j’avais pu aller à Annecy, voir plein de courts métrages au Forum des Images, écouter Les Femmes s’Animent parler, lire des interviews et des articles sur internet… Et me rendre compte que la place de la réalisatrice dans le cinéma était plutôt compliquée ! J’ai eu envie d’en parler.
Quand je m’empare d’un sujet, je regarde habituellement tout ce qui a déjà été fait autour. Mais sur les femmes réalisatrices, je n’ai pas trouvé grand-chose. Je n’ai donc pas eu beaucoup de références…. En revanche j’ai trouvé beaucoup de chiffres ! Dans les écoles de cinéma, il y a autant de filles que de garçons, voire parfois même un peu plus de filles. On ne retrouve pas cette proportion dans le monde professionnel. Sauf peut-être dans le court-métrage. En long métrage, on ne compte que 23% de réalisatrices ! Ce chiffre est la base de mon film.
Je me suis demandé comment illustrer cette statistique. J’ai exploré plusieurs pistes. Dont celle où des fils de laine représentent les parcours des réalisateurs, semés de plus ou moins d’embûches, selon qu’il s’agisse de femmes ou de films d’hommes.
Ce projet m’a fait repenser à une amie de lycée, Garance, passionnée de cinéma, qui voulait faire des films. Je l’ai perdue de vue mais justement, je me suis demandé si elle avait réussi à concrétiser son rêve ! Ces 2 éléments ont constitué le point de départ de mon scénario : Margot envoie une lettre à son amie Garance où elle l’interroge sur les difficultés qu’elle a dû peut-être surmonter pour aller au bout de son idéal. Margot imagine Garance faisant face à différents obstacles : non reconnaissance du travail des femmes, notamment dans les sélections en festival, difficultés à obtenir des financements, problèmes comportementaux des hommes…
4) Quel est le principal message que vous souhaitez faire passer ?
Je voulais insister sur cette sous-représentation des femmes dans le monde du cinéma. J’espère surtout montrer que c’est en réalité possible pour une femme de faire des films ! Donner la motivation nécessaire à celles qui en douteraient. Créer aussi des références pour les petites filles. Encourager les enfants, les étudiantes…
Leur faire comprendre que c’est possible de devenir réalisatrice. Qu’il ne faut pas avoir peur. Même s’il y a actuellement plus de difficultés : ça va changer !
Il y a encore de grandes inégalités salariales dans le monde de l’animation. C’est quelque chose que je veux aussi dénoncer et contre quoi il faut se battre.
5) Quels sont vos projets professionnels ?
L’objectif final serait bien évidemment d’être réalisatrice. Mais j’ai toujours aimé faire plusieurs choses en même temps : je pense donc que je ne ferai jamais ‘’que’’ ça. Dans l’animation tout me plaît ! Alors j’ai l’habitude de dire que j’aimerais être généraliste. Mais si vraiment je devais classer mes préférences, j’aime beaucoup les VFX. Donc pourquoi pas travailler dans ce domaine.
Et plus particulièrement pour des courts métrages classés Art& Essai qui sont ce que je préfère dans l’animation.
Comme j’aime aussi beaucoup transmettre, je n’exclus pas de donner des cours. Parallèlement à mes études, j’ai travaillé pendant 4 ans dans le cadre périscolaire comme animatrice, et plus spécifiquement avec des enfants porteurs d’handicap. Ça me plaisait beaucoup. J’aimerais bien apprendre à ces enfants les premières notions de l’animation 3D. Faire des petits fils avec eux. Avec des plus grands aussi !
Plusieurs parents d’enfants TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme) m’ont expliqué que leurs enfants ne comprenaient pas (tous) les mots… Que la communication passait beaucoup par des images, des pictogrammes et des jouets. Que cela augmente les chances pour eux de comprendre. Et que s’il existait des dessins animés pour faire comprendre les choses, les enfants seraient beaucoup plus réceptifs. C’est une voie dans la réalisation que j’aimerais bien explorer.
Contact : Margot Wolff – E-mail : margotwolff2000@orange.fr – Artstation : www.artstation.com/margotwolff19/albums/8941424 – LinkedIn : www.linkedin.com/in/margot-wolff/