Après avoir été avocat d’affaires, co-fondé Attitude studio, une structure spécialisée dans la fabrication de film et de séries d’animation en motion capture (Renaissance, Skyland…), puis créer avec Sandrine Nguyen la société de production OuiDO, supervisé les activités internationales d’Atlantique Production, dirigé le secteur animation de Technicolor (prestations et productions)…, l’infatigable Boris Hertzog s’attaque à la vente internationale de films et de séries d’animation avec la création de Moon-Keys International Contents.
1 ) Pourquoi se lancer sur le marché de la vente internationale ?
J’ai été plus de 20 ans producteur… Et à ce titre, souvent « frustré » de tout ce qui concernait la distribution ! A l’époque, j’avais le choix entre des énormes distributeurs au sein desquels mes productions n’étaient que quelques-unes parmi tant d’autres… ou des distributeurs qui se seraient rêvés producteurs et pouvaient se montrer intrusifs ! Je voulais donc construire une structure de distribution qui puisse mieux répondre aux attentes des producteurs.
Mon idée était de créer un acteur de la vente internationale, totalement dédié à l’animation, qui – sans renier des objectifs de croissance – resterait une « boutique », avec un service « sur mesure » pour chacune des productions dont MKIC aurait le mandat de vente.
2) Quelles sont vos ambitions ? Qu’est-ce qui vous différencie des autres distributeurs ?
Le secteur de l’animation est en plein changement et l’environnement actuel compliqué. Les producteurs, y compris les producteurs français, ont de plus en plus de mal à finaliser leur plan de financement. Ils doivent de plus en plus essayer de trouver des préventes internationales. J’espère pouvoir partager avec eux mon expérience et mes réseaux en ce domaine. Ainsi que ceux de mes collaborateurs.
Nous avons constitué une équipe aux compétences très variées et donc complémentaires. Cela nous permet d’être présents aussi bien sur le marché du long-métrage que de la série d’animation, ce qui je pense est assez unique. Au sein de notre équipe, nous retrouvons notamment Isabelle Aghina, ancienne directrice des ventes de Mediawan, Lenny Porte (ancien directeur adjoint de Orange Studio), Olivier Barbier (ancien directeur des acquisitions et du développement de MK2) et Ola Byszuk (ancienne productrice chez Nord Ouest et ancienne directrice des ventes chez MK2). Aton Soumache (ndlr : producteur de nombreux films d’animation dont le césarisé Le Petit Prince) fait par ailleurs partie de notre conseil de surveillance.
Grâce à des levées de fonds effectués avant le lancement de la société, nous avons aujourd’hui réellement les moyens de nos ambitions. Nous envisageons notamment d’investir en minima garantis.
3) Vous avez choisi de vous engager très tôt dans l’accompagnement des œuvres. Pourquoi cette stratégie ?
Intervenir tôt dans la fabrication d’une œuvre permet d’optimiser les ventes internationales en donnant en amont les bons conseils aux producteurs. Il ne s’agira jamais d’une quelconque ingérence dans la production ! Nous restons à notre place de distributeurs.
Se positionner tôt permet surtout d’obtenir la distribution des séries ou des films les plus intéressants. Le financement pour le développement d’une œuvre – je l’ai très souvent constaté en tant que producteur – est le plus difficile à trouver. Alors même que les diffuseurs demandent, avant de s’engager dans une convention de développement avec un producteur, que le projet soit déjà très avancé dans son développement ! Il est donc important pour nous de pouvoir aider les producteurs dans cette première, et cruciale, étape.
4) Comment choisissez-vous les œuvres que vous distribuez ?
Notre ligne éditoriale est… de ne pas avoir de ligne éditoriale. Nous ne voulons nous enfermer dans aucun schéma et rester libres dans nos envies. Hormis le choix de ne faire que de l’animation, nous ne nous interdisons rien ! Ni en termes de cibles : nous pourrons aussi bien distribuer de l’animation adulte que pré-school. Ni en termes de techniques. J’ai toujours pensé que c’était l’histoire le plus important dans une œuvre.
Nous choisirons donc les programmes au coup de cœur. Mais comme nous ne sommes pas totalement naïfs : il faudra que ce coup de cœur dispose tout de même d’un potentiel international. Notre ambition est d’être présent sur l’ensemble du marché mondial, le choix plus précis des territoires se fera en fonction des caractéristiques de chaque œuvre.
Concernant plus précisément la méthode, les réseaux que tous les membres de MKIC ont pu développer au cours de leur carrière nous permettent d’être informés des projets dès leur conception. Les producteurs français viennent spontanément nous voir pour en parler. Pour approcher les producteurs étrangers, nous sommes présents sur les évènements majeurs du secteur : Cartoon, MIP, MIFA….
5) Avez-vous remarqué un attrait particulier à l’international pour des œuvres d’origine française ? Quelles en sont selon vous les raisons ?
Malgré la crise actuelle, la production française reste dans les classements de tête au niveau mondial. Nous avons de très bons producteurs. Sur les 10 dernières années, les 2 plus grands succès en termes de vente internationale sont français : Alvin et les Chipmunks et Miraculous. Aujourd’hui, les problèmes se situent au niveau du financement des œuvres mais les idées sont là !
Le French Touch reste très vendeuse. A 2 niveaux : des producteurs étrangers qui veulent fabriquer en France parce qu’ils y trouvent d’excellents artistes et de très bons studios, très réputés. Et quand des productions françaises se lancent, elles gardent un attrait très fort pour les diffuseurs étrangers.
6) Le secteur de l’animation fait face actuellement à certaines difficultés. Quels en seront les impacts sur votre activité ?
Nous avons bien sûr conscience de la crise. Mais le fait que nous arrivions sur le marché justement en ce moment, avec les fonds que nous avons pu lever, nous aide. Certains producteurs que nous n’aurions peut-être pas intéressés à une époque viennent vers nous aujourd’hui pour cette opportunité.
A l’inverse, des productions très intéressantes que nous avons repérées sont provisoirement à l’arrêt car elles n’arrivent pas à finaliser leur plan de financement. Surtout sur un marché international frileux.
Ceci dit, ce n’est pas la 1ère crise que subit le secteur. Tous les 3 ou 4 ans, l’animation connait des difficultés. Celle-ci est peut-être plus sérieuse à cause des plateformes qui ont dérégulé le marché. Mais malgré tout : la demande de contenus existera toujours. Le marché va reprendre. Si j’avais été un tant soit peu inquiet, je n’aurais pas créé Moon Keys !
7) D’autres projets ?
Aujourd’hui nous avons acquis une partie du catalogue de Mikros. Nous allons donc pouvoir distribuer les séries Gus le Chevalier Minus, Les Légendaires, Monchhichi et Team DroniX.
Et nous sommes surtout prêts à étudier tous les projets que l’on pourrait nous envoyer. Nous avons l’envie et les moyens de découvrir et faire connaître les prochaines pépites de l’animation.
Contact : Boris Hertzog – Moon Keys International Content – Paris (75008) – Tel : 0689737934 – E-mail : bh@moonkeys-content.com– LinkedIn : www.linkedin.com/company/moonkeys-content/?originalSubdomain=fr