Annoncée lors des dernières RAF en novembre dernier à Angoulême, la labellisation du RECA entre, en ce début d’année, en phase de déploiement.
Simon Vanesse, Directeur général d’ArtFX, Trésorier par intérim du RECA et surtout porteur au sein du groupe de travail du projet ‘’Label RECA’’ en explique les différentes étapes.
1) Pourquoi selon vous la labellisation des écoles du RECA était-elle devenue nécessaire ?
Cette labellisation est une évolution logique du RECA. Les objectifs de notre réseau sont de structurer l’offre de formation en animation, de la rendre visible et de l’aider à grandir d’un point de vue qualitatif.
Aujourd’hui, avec l’arrivée de grands groupes éducatifs sur notre secteur et la multiplication des offres de formation dans le domaine de l’animation, la nécessité d’une plus grande lisibilité et d’un engagement des écoles du RECA sur des valeurs et des principes qui offrent une véritable garantie aux étudiants et aux parents s’avère encore plus importante.
Bien sélectionner son école est essentiel mais est parfois difficile pour les futurs étudiants et leurs familles : offres multiples, pressions commerciales forte, communication séduisante…Il faut s’armer de beaucoup d’énergie et de perspicacité pour trouver la bonne école pour son projet personnel…
Face à tout cela, les écoles du RECA ont décidé d’offrir encore plus de transparence, de clarté afin de faciliter les comparaisons sur des critères tangibles et cohérents entre les écoles.
2) Quels sont les principaux objectifs de cette labellisation ?
Pour comprendre les objectifs de cette labellisation, il faut déjà comprendre ce qu’est le RECA. Le RECA, ce n’est pas un seul type ou une seule forme d’écoles. Les formations peuvent être très différentes au sein du RECA et cette diversité d’approches pédagogiques est une vraie richesse qui nous permet d’offrir un enseignement de qualité de l’animation en France que beaucoup de pays nous envie.
Notre objectif, dans cette labellisation, n’est pas de rendre toutes les propositions pédagogiques uniformes mais bien de rendre lisible et comparable l’offre qui est faite par chaque école. Pouvoir comprendre, comparer, et se projeter dans ses futures études.
Rendre lisible cette offre de formation c’est avant tout offrir une grille de lecture unique qui permet de comprendre clairement les conditions d’études offertes : nombre d’étudiants par classe, durée et intensité du programme, quel diplôme/titre/certificat sera délivré à l’issue des études, quels sont les taux de réussite en fin d’études mais aussi entre chaque année. Comprendre aussi comment sont organisées les études en termes de volume horaire, de moyens d’accès, de matériel mis à disposition… Toutes ces informations ont été normées pour les rendre faciles à comprendre et à comparer par les futurs étudiants.
La transparence concerne aussi les débouchés offerts par ces formations. Le RECA a décidé de se donner des normes très précises et surtout qui aient du sens dans nos métiers sur le calcul des débouchés en termes d’emploi, principalement sur la capacité des étudiants diplômés à trouver un emploi dans l’industrie de l’animation.
Cette labellisation repose aussi, au-delà de ces normes d’affichage, sur des normes d’usage. Celles-ci ont pour but d’aligner les pratiques pour pousser des comportements positifs dans les écoles tant sur le bien-être étudiant que sur l’éco-responsabilité, ou même sur la forme de la communication des écoles auprès du grand public. Ce sont des sujets chers à toutes les écoles du RECA.
3) Comment se caractérisera cette labellisation ? Impliquera-t-elle de nouvelles obligations pour les écoles ?
Cette labellisation implique bien évidemment de nouvelles obligations pour les écoles. Elles devront expliquer comment elles sont structurées et quel est leur fonctionnement. Cela passe par un affichage identique pour toutes les écoles, mis à jour tous les ans. Les informations seront par ailleurs contrôlées selon les mêmes critères et vérifiées par un organisme indépendant. L’appartenance au RECA sera liée à cette obligation d’afficher des données complètes et certifiées.
Très bientôt, toutes ces informations seront consultables sur le site du RECA. Le site sera une véritable porte d’entrée pour obtenir les informations de manière structurée et identique pour toutes les écoles.
4) Quand et comment sera-t-elle mise en application ?
Pour mettre en application cette labellisation qui a été votée en Assemblée Générale Extraordinaire en novembre dernier à la quasi-unanimité des voix, nous avons missionné un comité de pilotage. Il a pour mission de structurer le dispositif de contrôle et la collecte des données de chacune des écoles. Ce travail est déjà en cours actuellement. Nous sommes dans une phase de mise en place qui prendra environ une année. Nos écoles sont ainsi en train de travailler sur l’ensemble des nouvelles informations qui leur sont demandées.
5) Comment en garantir la valeur ?
Par l’acceptation des écoles d’être contrôlées par un organisme tiers. Les écoles connaissent déjà différents contrôles, notamment pour leur diplôme/titre. Certaines, selon leurs statuts, peuvent être sous le contrôle de l’État… Si notre choix s’est porté sur un cabinet de contrôle indépendant, c’est que nous pensons que cette grille de lecture mise à la disposition du grand public a une valeur qui n’existe pas dans les autres contrôles appliqués dans les écoles.
6) Le gouvernement réfléchit à la création d’un label pour toutes les écoles d’enseignement privé supérieur, tous domaines confondus. Le label RECA ne fait-il pas doublon ?
Nous ne pouvons qu’accueillir favorablement l’idée que l’Etat s’intéressent à la question ! Cette réflexion du gouvernement est une bonne chose. Elle va dans le sens de ce que nous souhaitons construire au sein du RECA. Nous le faisons déjà aujourd’hui pour nos écoles. Mais nous ne représentons qu’une toute petite partie de l’offre de l’enseignement supérieur en France pour un secteur, l’animation, qui est aussi un secteur économique dynamique. Nous espérons que les propositions politiques prendront en compte la démarche que nous avons eue et nous espérons pouvoir échanger avec les institutions représentantes.
Nous avons beaucoup travaillé pour élaborer notre label en tentant de rendre impossible toute pratique marketing ou de communication discutable.,. Nous l’avons fait en tenant compte des spécificités de chaque école et de celles du milieu de l’animation. Cette obligation de transparence à laquelle nous allons nous astreindre est une véritable prise de risque de la part des écoles. Notamment les années où certains chiffres liés à l’activité du secteur de l’animation pourraient être un peu moins bons. Mais nous sommes convaincus que nous ne faisons pas un métier comme les autres. La fonction sociétale d’une école n’est pas celle de n’importe quelle entreprise ! Et nous prenons cette responsabilité très au sérieux.. J’espère ainsi que les pouvoirs publics trouveront de l’ inspiration dans la démarche que nous menons actuellement.
7) Comment voyez-vous l’avenir du secteur de l’animation ?
Le secteur de l’animation a connu ces dernières années une très forte croissance, propulsée pour une grande part par l’arrivée des plateformes de streaming qui ont fait évoluer les volumes et les budgets de production des films et séries animées. La France est un pays qui a toujours été très bien placé dans la production de contenus animés depuis les années 2000. Aussi bien pour la production de contenus originaux qu’en tant que prestataire sur des projets internationaux. Le talent français est reconnu. Et les écoles ont participé à cette construction d’un écosystème très favorable.
Mais le marché de l’animation connaît comme tout marché ses limites. Il ne pourra pas accueillir de milliers de nouveaux entrants par an ! Il y a de vrais débouchés pour des profils bien formés mais l’entrée est évidemment sélective. C’est aussi pour cela que nous nous imposons une transparence réelle sur la réalité des emplois et les débouchés qui sont offerts par les écoles du RECA.
Nos écoles bénéficient d’une aura en France et à l’international. Elles sont reconnues et respectées sur l’ensemble des marchés et leur offre de formations est considérée comme particulièrement pertinente par rapport aux métiers, aux créateurs, aux talents nécessaires au secteur. Il faut garder ce regard-là et poursuivre le développement de nos écoles dans cette voie, c’est-à-dire en phase avec les besoins des studios et des futurs projets de films ou de séries, tant d’un point de vue technique que créatif.